Polynésie I: Tahiti, Moorea et Bora Bora. Luxe, beauté et volupté.

10 02 2010

En Polynésie, même les billets sont beaux

Le Polynésien est tatoué. La Polynésienne aussi. Dans de telles proportions qu’il est pratiquement impossible de trouver un Polynésien non-tatoué. Et que, une fois trouvé, on se dit immédiatement que ses tatouages sont situés sur une zone ‘couverte’. Bref, ‘si t’es pas tatoué t’es pas Polynésien’. Comme ils et elles ont aussi tendance à être très costauds voire obèses, il n’y a pas de photo de tatouages dans notre appareil. Si tu lis ceci et que tu es polynésien, en métropole, obèse veut dire la même chose que puissant. Pour la petite histoire et la note culturelle, les meilleurs tatoueurs sont sensés venir des Iles Marquises, à 2500 kms au Nord-Est.

Nous arrivons à Papeete le soir par le vol Santiago-Papeete qui nous a récupérés à l’île de Pâques en chemin. Nous sommes donc bien au milieu du Pacifique. Perso je connaissais Hawaii dans l’hémisphère Nord de cette partie du monde, plus près  du trash vortex,

http://en.wikipedia.org/wiki/Great_Pacific_Garbage_Patch

cette zone incroyable du globe, véritable poubelle du Pacifique,  où sous l’effet des vents et courants dominants, convergent une bonne part des détritus océaniques. Un vrai cauchemar écologique.

Mais nous en sommes loin ici. Réveillés à cinq heures par le décalage, premier bain dans la piscine de l’hôtel à Papeete au soleil levant et immédiatement on confirme que notre itinéraire ne nous conduisait pas en Polynésie pendant la meilleure saison. Il pleut… Comme tout le monde dit qu’il y plutôt moins à faire ou voir à Papeete que dans les autres îles et que ce n’est pas la saison pour aller voir la fantastique vague de Teahupoo, nous partons direct.  Bizarrement nous prenons un vol pour aller à Moorea, pourtant bien visible depuis notre fenêtre. L’option ferry est sans doute plus adaptée : le vol dure 7 minutes ! Mais il y a un coté un peu folklo. Il y a seulement un pilote à bord, ce qui pousse une co-voyageuse à demander à l’enregistrement « qu’est-ce qui se passe si le pilote fait un malaise ? » Demande légitime que nous rationnalisons en nous disant qu’il se passe la même chose dans une voiture sur l’autoroute. Chances de survie sans doute diminuées quand même. Sauf si Chuck Norris est à bord.

Comme il est seul, c’est le pilote qui se colle à la procédure de sécurité avant le décollage. Il la fait depuis son fauteuil, en effectuant une rotation des épaules pour se retourner dans notre direction et poser la question magique : « Tout le monde est attaché ? »

Et ça a l’air de marcher puisque nous atterrissons sept minutes plus tard sans encombre.

Direction l’appartement-bungalow loué dans une résidence hôtelière. Et outre le fait que l’endroit est parfait, nous aurons le plaisir d’être un peu chez nous pendant quatre jours : il y a des machines à laver, sèche-linge et même une machine whatelse. Ca a l’air banal mais cela fait quatre mois que nous mangeons tous les repas au restaurant d’une part et que d’autre part tous les sept jours, notre autonomie vestimentaire ayant atteint son terme, il faut trouver une laverie. Contents de se poser un peu donc et de vraiment choisir ce qu’on va manger.

A vrai dire, nos souvenirs de Moorea auront quand même pas mal été marqués par la pluie. En particulier cette journée sous une pluie diluvienne sans interruption passée au supermarché, entre autres  à chercher des masques et tubas, à faire l’école et devant un dvd. Pas besoin de faire 20 000 kms pour ça. On stresse un peu, les locaux nous racontant volontiers – à la roulotte, restaurant roulant ou pas, de bord de route plus ou moins éphémère- leurs histoires de saisons des pluies abos où il avait plu un mois sans discontinuer. Nous ne le savons pas encore mais nous aurons vraiment de la chance avec la météo par la suite.

Moorea

Entre les averses nous allons faire un tour sur un point de vue de l’île d’où on peut voir le lagon et les deux baies principales, où Cook et La Pérouse s’abritèrent.

Baies de Cook et d'Opunohu

Notre meilleur moment sur l’île surviendra  le lendemain de la journée diluvienne, lorsque bravant une météo peu engageante, nous allons sur la plage devant un hôtel désert (de toutes façons, tout le littoral est public en Polynésie et les hôtels respectent cette loi avec gentillesse), dans une eau cristalline et chaude –température extérieure et celle de l’eau à 28°- à batifoler entre nous dans un premier temps puis à nous rapprocher d’un jeune autochtone venu nourrir ses copines les raies avec des morceaux de poulet.

 

Première interaction avec cet animal magnifique à la nage envoûtante. Elles sont trois ou quatre à faire un petit ballet dans quarante centimètres d’eau, se rapprochant petit à petit pour venir becqueter puis s’éloignant puis se rapprochant dans un mouvement perpétuel magique. 

Papa, tu me mets pas dans l'eau, tu promets!

Enfin presque puisque la nourriture vint à manquer avant même que la bise ne fût venue. Interaction mais pas de toucher ou de contact : les raies ne viennent à proximité que s’il y a de la nourriture… Mais bon comme le garçon faisait ça pour lui-même et pour personne d’autre, c’est un joli moment fortuit et heureux. Qui a dit serendipity ?

 Autre moment sympa, le bain des filles avec les dauphins, après une petite leçon d’écologie et zoologie marines, en compagnie de quatre autres enfants. Anticipation, émotion puis énormes sourires et excitation pour Clémentine et Emilie lorsqu’elles nous raconteront leur aventure, persuadées que le dauphin a obéi à leurs commandes.

T'es mignon mais t'as quand même des ptites dents toi

Allez j'te donne un kiss quand même

Un classique bien exécuté dans un le joli cadre de l’Intercontinental, au pied de notre appart. Comme en plus l’énorme averse qui menaçait attend sagement la conclusion du show, nous avons pu les regarder béatement avant de nous faire collectivement rincer.

Quatre ou cinq journées assez calmes donc avant de prendre l’avion pour la fameuse Bora Bora, avec des attentes élevées et en creux la crainte d’être déçu bien sûr.

Lagon de Bora Bora par temps gris-bleu

Pour réduire ce risque à la seule météo, nous avions pris un hôtel top, parmi une flopée d’établissements hors catégorie, constitués de bungalows construits sur l’eau. Hors saison après une saison de crise, l’occupation est à 30%. Tant mieux pour nous… Il fait mauvais à l’atterrissage mais juste après il va faire très beau pendant tout notre séjour, hormis quelques courtes averses rafraîchissantes. A tel point que le port du t-shirt s’impose lors des nombreuses et longues activités dans ou sur  l’eau.

Bateau à l’arrivée, pris directement du ponton de l’aéroport

Je sens que la vie va être dure ici

et 20 minutes plus tard, nous voilà à demeure, conduits au bungalow en petite voiture de golf sur les petits pontons de bois  suspendus au-dessus de l’eau.

La ‘chambre’ est simplement merveilleuse, avec son sundeck sur le lagon émeraude et face à la montagne,

son espace parfait pour des dîners en amoureux aux chandelles au-dessus de l’eau –le room service y prend tout son sens-  sa petite piscine à débordement en ardoises qui envoie en continu des invitations à batifoler, en particulier sous le ciel étoilé lorsque les enfants sont couchés…

Le 'notre' c'était celui au bout à gauche...

D’autant que, le bungalow étant au bout d’un ‘bras’, l’impression d’isolement est totale. Et puis quand on s’embête il y a toujours les plongeons ou les sauts depuis la balustrade dans l’eau transparente où passent de temps en temps des raies égarées.

D’accord ce n’est pas le blog d’Elle Déco mais on vous met quand même quelques photos.

Nous passerons des heures et des heures dans l’eau. Le reste du temps à lire sur le sundeck. Je garde un souvenir particulier de la lecture du bouquin formidable d’Alfred Lansing sur les exploits héroïques de Shackleton et sa bande en Antarctique, bravant des tempêtes sur des coques de noix, trempés et grelottants et mangeant de la graisse de phoque.

Aors que j’étais alangui sur des coussins par 30°, au-dessus de l’eau tiède cristalline avec mon coca-citron glacé avant ou après un repas délicieux.

Sybaritisme ultime et impression que mon cerveau se fendait en deux au passage. Les voyageurs en profitent pour remercier leur Kindle-doudou au passage.  Autre bonheur : le Kid’s club. Délicieuse sensation de liberté pour les filles et pour nous de ne plus devoir être ensemble 24/7. Cela fait 5 mois que c’est le cas, la plupart du temps avec beaucoup de plaisir, mais un break est plus que bienvenu.

Les activités nautiques sont assez plaisantes (paddle

Continuez les filles, on assure à mort

masque et tubas sur les patates de corail du lagon, kayak, jet ski autour de l’île…) mais rien à voir quand même avec le grand moment du séjour : shark and ray feeding.  Petite note zoologique : il est assez drôle de faire cette activité, les raies étant des requins qui se seraient aplatis au fil des millénaires pour pouvoir manger au fond de l’eau. Départ en bateau pour se rapprocher de la passe en compagnie d’Anna et son mari, un couple de portugais adorables en lune de miel. En chemin on croise déjà pas mal de bestioles dans le lagon.

Elles sont où les raies? Ils sont où les requins?

Ici

Et là

Ice cream, ice cream...

Et après 20 minutes, on s’arrête. Au début, rien puis un, deux, finalement une dizaine de requins pointe noire se rapprochent avec leur nage si stylée et leurs 180° instantanés. On se met à l’eau avec masque et tuba dans un mètre d’eau claire en tenant une corde dans l’eau, celle-ci matérialisant une limite à ne pas franchir. Le capitaine du bateau jette alors des morceaux de poisson vers les requins, juste de l’autre coté de la corde et ceux-ci les gobent avec leur mouvement de tête latéral caractéristique… La corde est pour nous mais les requins, eux, de temps en temps, ne semblent pas au courant qu’ils doivent rester de leur coté. Ils font donc des petites incursions dans notre camp, venant nous frôler et provoquant un certain émoi chez les baigneurs que nous sommes, surtout lorsqu’ils arrivent de derrière. Il faut avoir confiance et apparemment il n’y a jamais d’accidents. Ou en tous cas l’omerta fonctionne… Les filles sont évidemment fascinées et un peu nerveuses quand même, nous coulant littéralement en nous grimpant dessus lorsque les requins se rapprochent. Malheureusement pas de photos, nous étions tous dans l’eau…

Et ça s’améliore ensuite puisque si les  contacts physiques  avec les requins étaient furtifs, il en sera tout autrement avec les raies armées (pastenagues). Nous gardons en mémoire vive cette sensation de douceur caoutchouteuse sur leur dos et leur ventre et de rugosité râpeuse voire désagréable sur le bord des ailes et surtout sur la queue près du dard. Les raies elles nous grimpent quasiment dessus pour attraper le poisson dans leur bouche située sous la tête. Là encore une image vaut bien mille mots

Honnêtement un très grand moment, bien au-delà de nos attentes.

Mais voilà, la morale judéo-chrétienne nous dit que trop de plaisir est pêché donc on interrompt temporairement le rêve éveillé en allant prendre l’avion pour retrouver le catamaran loué à Rangiroa.

P.S. Honnêtement, c’est le premier post que j’ai quelques scrupules à faire, tant ces moments étaient parfaits et l’hiver rude en Europe.  La roue tourne… Et surtout, si vous pouvez, allez-y! Mais c’est vrai que de Paris c’est très loin. Mieux de faire une escale à L.A. ou Santiago (et aller à Torres del Paine) si possible.


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4 responses

10 02 2010
nicky sterckx

my god que ca a l air cool

11 02 2010
Laurent G

Waoooo ce billet a ravivé quelques très beaux souvenirs (arrivée à Bora Bora avec un temps magnifique, l’eau incroyablement verte / bleue et la surprise d’être finalement subjugué par ce qui aurait pu s’avérer être un cliché …)

Bref, il neige à Grenoble …

Merci de ce rayon de soleil !

19 02 2010
marc

Et bien moi qui pensais à toi hier après la Brèche Puiseux, beaux souvenirs de notre Brèche « améliorée » l’an passée, là j’en prends plein les yeux, cela fait réver.
Comme quoi, même drolement plat cela peut-être paradisiaque !
Cet hiver la météo est ici extrémement capricieuse et l’alpinisme quasiment pas possible pour le moment donc : no regrets, toute façon quand on parcours le blog …
Bonne continuation,
Marc.

19 02 2010
clemilieworldtour

Hello Marc. Très cool d’avoir de tes nouvelles!
Et attends, vous qui aimez la plongée, tu vas voir le post sur Rangiroa et Fakarava. C’était tout simplement MONSTRUEUX.
Honnêtement un vrai choc. Quel dommage que ce soit si loin… Mais comme c’était fabuleux, en combinant ça avec une escale en Patagonie chilienne, c’est le voyage d’une vie cette Polynésie.
J’espère que les conditions vont s’améliorer pour vous. Et même en voyage, le souvenir de la brêche Puiseux ‘améliorée’ reste très précieux!
A bientôt,
jf

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